prewiew Final Fantasy 4 Advance

Dans les quelques vieux RPGistes encore en activité, beaucoup ont dû commencer la saga la plus célèbre de Squaresoft (à l'époque) avec la parution du septième épisode sur une PSone toute neuve et brillante. Un constat plutôt flatteur, car qu'y a t-il de mieux que de débuter par une légende vidéoludique inégalée ? Déclencheur de nombreuses vocations, Final Fantasy 7 est l'un de ces titres quasi parfait qui font évoluer, d'une part leur série, et d'autre part le jeu vidéo en général. Une sorte de messie du RPG comme l'ont été à leur époque FF6, ou encore celui qui nous intéresse aujourd'hui, à savoir le quatrième opus. Sorti en 1992 au Japon et aux USA, ce dernier a subi moult et moult adaptations avant de finir sa route sur une GBA qui ne demandait pas mieux. Alors, Cecil est-il toujours aussi charismatique ?




Prenant place dans un monde en pleine mutation, soumis de plus en plus au règne de la technologie, la trame de Final Fantasy 4 Advance reste l'une des plus intéressantes de la saga, brassant avec délice des thèmes intelligents et en accord avec les aspirations de cette dernière. En effet, vous retrouverez des réflexions sur la mainmise sur l'équilibre naturel d'une planète entière, l'envie profonde et naïve de liberté, ainsi qu'un plongeon dans un mysticisme omniprésent. Mais le plus passionnant reste sans aucun doute la construction de l'histoire, se plaçant autant à une hauteur d'homme, qu'à une hauteur plus générale. Plus précisément, le destin des hommes est étroitement lié à celui du monde qu'ils foulent. Le combat intime de Cecil, Dark Knight au service de Baron, en est d'ailleurs un parfait exemple. Personnage torturé par des exactions que ses dirigeants lui imposent, ainsi que par sa faiblesse face à un destin qu'il n'accepte pas, il va devenir rapidement le moteur du scénario. Mais ce n'est pas pour autant que les personnages secondaires restent sur le côté, attendant un appel pour se hisser à la lumière. Bien au contraire, ils disposent tous d'une psychologie développée et se muent vite en des compagnons attachants, développant leur histoire personnelle en marge de la trame principale. C'est une des grandes forces du titre, aboutissant à un enchevêtrement de vies confectionnant une toile particulièrement dense et intense. D'autant que le soft vous réserve un lot de rebondissements passablement déroutants, gommant les possibles temps morts d'une quête étirée. On suit donc le devenir des deux amis Cecil et Kain avec gourmandise, sans cesse pris entre des assauts tragiques et un certain humour.



De plus, FF4 utilise habilement les notions de découverte et d'aventure, se développant comme un conte épique, tout en jouant avec des phases calmes de doutes et d'autres plus portées sur l'action. De véritables montées en puissance régulière qui donne l'envie irrésistible de continuer, d'avancer encore et encore. Un sentiment des plus agréables qui rappelle une nouvelle fois, s'il le fallait, qu'un scénario fort et une jolie 2D suffisent amplement à vous propulser dans des heures et des heures de recherche et d'émerveillement. Certes, les corps qui disparaissent en clignotant font un peu "cheap", mais on se plonge dans le titre comme dans un roman. L'imagination travaille, construit les éléments qu'il manque pour aboutir sa propre vision de cet univers. C'est tout de même encore agréable de se sentir stimulé par une aventure qui ne demande qu'à être ressentie. Surtout que, comme je l'évoquais un peu plus haut, les équipes de Square-Enix ont quelque peu retravaillé l'aspect graphique du titre. Alors que la version Super Nes de l'époque restait clairement en retrait par rapport à ce qui se faisait dans le même domaine, Final Fantasy 4 Advance parvient désormais à se situer dans la moyenne haute de la logithèque de la GBA. Ressemblant maintenant bien plus à un FF6, malgré certains décors encore bien vides, il ne choquera pas le moins du monde les habitués de la petite portable. On peut d'ailleurs noter une légère remise à jour des effets magiques ainsi que des invocations, rendant les affrontements un peu plus captivants. A ce propos, ceux-ci se déroulent toujours sous l'égide du système ATB (Active Time Battle) que vous pouvez bien entendu configurer afin d'avoir le temps nécessaire à la préparation de vos attaques.



Accueillant jusqu'à cinq combattants simultanément pour la seule fois de la série, les rixes se montrent pour le coup très prenantes, aboutissant à de multiples assauts en peu de temps et à un aspect relativement épique. Sans oublier que chacun des personnages de votre équipe dispose de capacités spécifiques qui vous permettront parfois de retourner complètement une situation à votre avantage. En revanche, et même si les combats s'avèrent dignes d'intérêt à gérer, leur rythme d'apparition reste vraiment soutenu. Un détail pour les vieux briscards de la 2D, mais qui peut devenir un écueil pour certains, qui se lasseront rapidement de subir une progression littéralement hachée par les rencontres malheureuses. Tout en sachant que cette version GBA n'est pas celle sortie aux Etats-Unis en 92, amputée d'une grande part de sa difficulté d'origine. Attendez-vous donc à rencontrer parfois quelques problèmes lors de confrontations avec des boss, ou dans l'utilisation de la magie, consommant énormément de MP et donc d'Ethers, très rares et donc très chers.



Heureusement, vos rares accès de fureur seront sans doute couverts par l'apaisante bande-son de Uesmatsu, ayant officié de manière magistrale sur cet épisode. Se basant sur des inspirations celtiques enlevées et "dansantes", il parvient à plaquer une ambiance spécifique sur le monde de Final Fantasy 4 Advance. Faisant partie de ses compositions les plus recherchées et les plus mélodiques, les musiques de FF4 augurent déjà du festival que va être l'opus 6. J'en veux pour exemple le thème de Golbez, constellé de sonorités profondes ressemblant à de l'orgue, ou bien encore le morceau relatif à la carte (overworld), lent et presque tragique. Un ensemble cohérent, collant parfaitement avec l'ambiance tranchante du titre, et déployant un éventail de sentiments assez imposant. Je ne saurais donc que trop vous conseiller l'album Celtic Moon, reprenant les meilleurs passages à l'aide d'instruments traditionnels. Cette parenthèse fermée, le jeu de Square-Enix est de fait toujours aussi fort et immersif, s'agrippant à vous avec bonheur et ne vous lâchant que pour une bonne raison (genre manger, boire ou dormir). Néanmoins cette version GBA n'apporte pas grand-chose de plus, mis à part un donjon secret de cinquante étages, une petite refonte graphique et surtout le plaisir de voir enfin cet opus dans nos vertes contrées. Est-ce suffisant pour se jeter sans vergogne sur cette cartouche innocente ? La réponse est un oui franc et massif, ne serait-ce que pour découvrir l'un des meilleurs scénarios de la lignée Final Fantasy ainsi qu'une galerie d'intervenants variés et profonds. Vous ne passerez à côté des ellipses et des légères incohérences d'époque, mais ces parties n'entacheront pas un tout fantastique. Reste à attendre la traduction française. I want to be a Dark Knight !


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